La grande déprime des maires
Écrit par Ludovic Fossard sur 23 septembre 2024
C’est un métier à part entière qui demande de plus en plus de compétences et qui, visiblement, attire de moins en moins. Selon une étude de l’association des maires de France, 40% des maires en fonction ne se représenterait pas lors des élections à venir.
Car ils sont fatigués, les maires. Épuisés même. Quand on y pense, être maire, c’est un peu comme jongler avec des couteaux : chaque projet, chaque décision peut vite se transformer en objet tranchant. Ce n’est plus seulement un rôle, c’est une épreuve d’endurance où le plaisir d’être au service de sa communauté se heurte de plus en plus souvent aux réalités brutales du terrain. Et pourtant, ils y sont, sur tous les fronts : l’urbanisme, l’éducation, l’écologie, la sécurité. Mais aussi là où ça coince, là où la France du quotidien bouillonne, attend, espère et parfois dérape.
Aujourd’hui, pour ces élus de proximité, le poids de l’engagement dépasse de loin les honneurs. Imaginez : d’un côté, des dotations en baisse, des budgets toujours plus serrés, et de l’autre, une demande locale de services publics qui explose, souvent dans les petites communes, là où l’État se retire lentement, sans éclats. Et eux, les maires, les doigts dans les engrenages, jonglent entre le manque de moyens et la pression de la population. Parce qu’au final, tout remonte jusqu’à eux. Tout. De la moindre incivilité jusqu’à la gestion des infrastructures locales. C’est bien eux qui prennent les coups, littéralement parfois. Oui, vous avez bien entendu. Les agressions, les menaces, les insultes font désormais partie du quotidien de nombreux élus.
Les maires des zones rurales, eux, se retrouvent souvent seuls, véritablement isolés. Sans équipes étoffées ni moyens suffisants, ils doivent se débrouiller avec ce qu’ils ont, bricolant des solutions à droite à gauche, la tête dans des dossiers d’une complexité hallucinante. Une loi qui passe ? C’est eux qui encaissent la vague de questions, de contestations, sans avoir toujours les clés pour y répondre.
Ce manque de soutien, de reconnaissance, pèse de plus en plus lourd sur leurs épaules. À tel point que depuis 2020, ils sont plus d’un millier à avoir quitté leur poste en plein mandat. Parce que l’image du maire bienveillant et influent, c’est loin, très loin de la réalité actuelle. Aujourd’hui, beaucoup de ces élus n’ont qu’un mot en tête : survie. Et pour certains, l’usure est telle qu’il ne reste plus qu’une issue : démissionner.
Alors, bien sûr, des solutions se discutent. Des structures de soutien psychologique, des mesures de protection renforcées, des aides financières peut-être. Mais en attendant, les maires, eux, continuent de vivre avec ce poids sur le dos. Sans éclats, sans répit, et dans l’ombre d’un État qui tarde à leur offrir un filet de sécurité.
Pour nous aider à comprendre cette désaffection et la difficulté de ce métier, nous avons avons invité Mickael Chevalier, maire de Plumaugat, conseiller général et Vice-Président de la communauté d’agglomération de Dinan.
Diffusion prochainement de son entretien dans FOCUS .